Tout savoir sur la rhizarthrose ou arthrose du pouce

Rhizarthrose

La rhizarthrose est une arthrose des articulations de la base du pouce (articulation trapézo-métacarpienne). Cette articulation présente une forme en double selle, et la stabilisation ligamentaire est assurée par 4 ligaments. Cette localisation fréquente est particulièrement gênante, car l’articulation concernée est celle qui permet de mettre le pouce en opposition avec les autres doigts et donc de permettre les mouvements de pince. Cette arthrose peut être primitive ou plus rarement faire suite à une lésion articulaire traumatique ancienne et dans certains cas, à des gestes professionnels répétitifs survenant sur un terrain prédisposé.

20 % des femmes ont une rhizarthrose mais 1 sur 5 seulement en souffre. Parmi les femmes qui en souffrent, 80 % seront améliorées par le traitement médical.

La rhizarthrose se manifeste par des douleurs essentiellement mécaniques à la base du pouce, évoluant habituellement par poussées. Progressivement apparaît une diminution de la force dans la réalisation des pinces. Cette arthrose est parfois bien tolérée malgré des destructions importantes et anciennes sur les radiographies. Paradoxalement, des formes radiologiques peu évoluées sont parfois mal tolérées.

Evolution de la rhizarthrose

Celle-ci se fait vers la fermeture progressive de la 1e commissure de la main de façon antalgique et une exploitation mécanique exagérée des articulations sus-jacentes pouvant à terme les déstabiliser et donner un aspect appelée “pouce en z”.

Évolution de la rhizarthrose : elle est imprévisible, sans corrélation radio clinique. 10 % sont douloureuses après 10 ans d’évolution

Diagnostic

  • Clinique : recherche de douleurs à la mobilisation avec impression d’instabilité et de craquements, diminution de la force et des “pinces”
  • Radiologique : la radiographie centrée montre l’arthrose, le degré de destruction de l’articulation trapézo-métacarpienne, l’atteinte éventuelle des articulations avoisinantes, l’existence d’un équivalent de “bec de perroquet” à la partie interne de l’articulation expliquant la douleur à l’ouverture du pouce.
  • Traitement médical : pas de traitement “miracle”.

On utilise les antalgiques, les AINS, les AASAL (glucosamine, chondroïtine, diacerhéine, insaponifiables d’avocats), les topiques (pommades anti-inflammatoires et pommades à base de capsaïcine comme capsaïne®) selon les recommandations EULAR 2006.

Parfois, lors des poussées durables avec douleurs nocturnes, les infiltrations cortisoniques sont indiquées mais doivent être réalisées par un médecin entraîné.

A côté des injections de cortisone qui ont l’avantage de traiter rapidement la poussée inflammatoire d’arthrose, il faut penser aux injections d’acide hyaluronique correspondant à ce qui s’appelle communément la viscosupplémentation. Ce traitement médical apporte une amélioration probablement plus lente mais beaucoup plus durable des symptômes de cette affection invalidante. Les injections se pratiquent de la même manière qu’indiquée plus haut. Il existe à cet effet des traitements spécifiques et adaptés à cette petite articulation tel que HAppyMini®.

Enfin, les attelles de repos (orthèses) apportent souvent un soulagement.

Le traitement chirurgical de la rhizarthrose évoluée

Il dépend du bilan clinique essentiellement et aussi de l’âge des patients, de leur demande fonctionnelle (souhaits du patient), de la forme et de la taille du trapèze, des maladies associées et du chirurgien.

Douleur ? Seules les arthroses douloureuses sont chirurgicales.

Mobilité ? Rares sont les patients très enraidis. Le gain est souvent modeste.

Gêne fonctionnelle ? Le plus souvent liée à la douleur…

• L’arthrodèse trapézo-métacarpienne est mal aimée et techniquement difficile. Il existe un risque de pseudarthrose (20-50 %), immobilisation > 2 mois.
• Les prothèses trapézo-métacarpiennes : présentent des problèmes de descellement, demande un trapèze de bonne taille, plutôt pour les patients âgés, suites plus rapides.
• La trapézectomie associée à une stabilisation ligamentaire utilisant un transplant tendineux donne les meilleurs résultats : indolence 90-95 %, mobilité 40 à 50° d ’abduction, force 120 à 150 % de la force préopératoire.

Conclusions

Il s’agit d’une maladie fréquente, habituellement bien tolérée avec 80 % de répondeurs au traitement médical conservateur. Il existe une place pour le traitement chirurgical mais il ne s’agit pas d’opérer toutes les rhizarthroses, juste de savoir que si les patients résistent au traitement médical, le traitement chirurgical donne de bons résultats.

Docteur J.L. RENEVIER
Rhumatologue